Périple

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lundi 13 juillet 2015

Huaraz & le trek du Santa Cruz


Après 25 heures de transports très variés, nous arrivons enfin dans la ville de Huaraz, à environ 3000 mètres d'altitude. Ouf ! Enfin sortis de cette jungle chaude et humide! Nous retrouvons l'ambiance de la montagne et les costumes traditionnels andins qui nous avaient manqués. La ville, pratiquement détruite en totalité en 1970 par un important séisme, n'a pas les charmes des anciennes cités coloniales et se reconstruit petit à petit majoritairement grâce au tourisme d'aventure. En effet, Huaraz attire un grand nombre de voyageurs passionnés par les grands espaces et les glaciers qui viennent pratiquer trekking, alpinisme, VTT de descente et autres. La cité est entourée par la Cordillère des Andes et ses très nombreux sommets enneigés (culminants très souvent à plus de 6000 mètres).


La première journée sera une journée de repos...et on l'a bien mérité! Nous retrouvons le confort d'une bonne auberge, un bon lit, une douche avec eau chaude et des murs épais pour profiter d'une paisible matinée sieste dans notre chambre. Nous avons même de véritables rideaux opaques cette fois ! L'après-midi, nous commençons à nous renseigner pour nos randos des prochains jours. Le circuit le plus réputé du coin est un trek de 4 jours nommé le Santa Cruz mais aussi un lac d'altitude appelé le Lac 69, visitable en une journée au départ de Huaraz en passant par une agence de tourisme. Nous trouvons les dernières infos pour le Santa Cruz à l'office du tourisme et nous préparons à partir pour quatre jours de rando en solo dans les hauts sommets des Andes, plus précisément dans la Cordillera Blanca et le Parque Nacional Huascaràn. Pas besoin de guide, le chemin est signalé et au cas ou, nous avons avec nous le topo du trek que nous avions dégoté dans notre crêperie à Cusco! ;) Quant au Lac 69, nous pensons d'abord le visiter en "journée d'acclimatation" avec une agence avant notre trek mais en apprenant les détails de la visite on se rend compte de la très possible pénibilité du tour, organisé avec en moyenne 30 touristes chaque jour partant tous du même endroit, en même temps pour parcourir le sentier...ça ne va pas le faire pour nous! Impossible de nous imaginer dans un endroit magnifique avec une horde de touristes bruyants, faire la queue pour monter, faire la queue pour la photo, attendre les uns et les autres... On oublie alors l'idée du tour et trouvons une nouvelle solution : rajouter la visite du lac à l'itinéraire initial de notre trek. Et c'est totalement possible, il nous suffira de prendre un colectivo d'une heure et demi de Vaqueria (dernière étape du Santa Cruz) pour nous rendre dans la quebrada Llanganuco au pied des sommets du Chopicalqui (6 345m), du Huascaràn Sur (6 768m) et du Huascaràn Norte (6 655m). Le cadre est tout simplement magnifique. Ensuite, rien de plus simple que de dormir quelque part à proximité du lac pour notre dernière nuit et pouvoir profiter le lendemain du site tout seuls avant l'arrivée vers midi des touristes journaliers.


C'est décidé on procédera comme ça, nous nous préparons donc pour 5 jours/4 nuits de trek, en finissant par le fameux et grandiose Lac 69, réputé comme étant l'un des plus beaux lacs d'altitude du monde!! A une semaine de la fin de notre voyage, on se réserve un final grandiose !! :). Suite de la journée dédiée aux préparatifs de la marche et au match (demi-finale) de la Coupe d'Amérique Pérou-Chili...nos cœurs balancent pour déterminer un favori, on a tellement adoré ces deux pays! Que le meilleur gagne ! ;) ... Finalement c'est le Chili, pays organisateur, qui remportera le match et la Coupe en finale contre l'Argentine. Parenthèse foot terminée, revenons-en à nos glaciers!


Nous partons donc le matin suivant pour deux heures de colectivo afin de rejoindre le début du sentier du Santa Cruz. La première journée est relativement courte, seulement 4 heures de marche pour rejoindre le premier campement. Nous partons d'une altitude d'environ 2900 mètres pour atteindre le soir venu 3600, ça fait donc 700 mètres de dénivelé positif pour se mettre en jambes la première journée. Les paysages nous rappellent ceux de Larès, le sentier évolue dans une petite vallée verdoyante squattée par les vaches et chevaux qui jouissent d'une herbe bien fraîche et d'une belle rivière. La montée se fera avec un peu de mal, plus d'un mois sans trek (la jungle c'est pour les flemmards :P ), un soleil assez fort en pleine après-midi et un sac pas des plus légers! Mais nous arrivons finalement en fin d'aprèm au campement, trouvons un bon spot pour planter, et vient l'heure de faire notre partie de carte habituelle avant de commencer à cuisiner vers...17h30!



La nuit sera un peu fraîche, mais on s'attend à pire pour le jour suivant dont l'étape se termine à 4250 mètres d'altitude ! Sortez les bonnets ! :) La première moitié de la seconde journée se révélera un peu monotone, le décor n'est pas fou (on en a tellement vu!!). Mais après quatre heures de marche dans la matinée, nous grimpons à destination d'un lac d'altitude dans l'après-midi : deux heures de montée assez difficile nous l'admettons ! Le spectacle est au rendez-vous quand nous arrivons finalement au abords du lac d'une eau turquoise et surmonté par une grande chaîne de glaciers, magnifique ! Le temps est moyen, les pics sont un peu embrumés et le soleil ne parvient que quelques secondes à percer les nuages, nous ne resterons qu'une vingtaine de minutes. Il nous faudra une heure et demi supplémentaire pour redescendre et rejoindre le fameux camping situé à 4250 mètres au pieds du majestueux Nevado Taulliraju (5 830m) dans une vaste prairie. On est prévenu, ça risque de piquer les oreilles! Cette seconde journée aura été éprouvante, nos jambes tremblent un peu, nous sommes fatigués, mais nous avons une arme secrète : les granules d'Arnica de la maman d'Alex (contre les courbatures !), nous ne risquons rien pour demain !


Nous nous levons en même temps que le soleil pour cette troisième journée, le décor est splendide. Devant nous l'imposant Taulliraju et plus loin à l'horizon se détachent les glaciers Paròn (5 600m) et Artesonraju (6 025m) que tout le monde connait...si si, vous l'avez tous déjà vu au moins une fois à la télé...


Alors ??
Bien, il s'agit du mont qu'utilise l'entreprise américaine Paramount au début de ses films, ça vous parle?


Le troisième jour marque le passage du col de Punta Uniòn à 4760 mètres. C'est une sorte de brèche angulaire dans la paroi rocheuse, intacte vue d'en bas. Des deux côtés du col le regard embrasse un paysage fascinant sur la Quebrada Santa Cruz à l'ouest et la Quebrada Huaripampa au sud-est. Les glaciers sont sublimes et on discerne un nouveau lac émeraude au pied du Taulliraju. A la fraîche, la grimpette est plus facile, nous arriverons au col après environ 2h30 de marche. Cette fois-ci sous un beau soleil, nous apprécions les paysages une fois de plus somptueux. L'endroit est parfait pour le goûter ! Nous n'avons encore croisé personne et sommes tout seuls dans cette majestueuse nature, encore une fois nous avons l'impression d'être des explorateurs en quête de nouveaux trésors de roche ou de glace !


La redescente de l'autre côté du col, dans la vallée voisine se fera par contre sous un ciel complètement gris et au milieu de paysages un peu moins surréalistes. Seulement quelques glaciers et quelques petits lacs...rien de quoi "casser deux pattes à un canard"!...On est de plus en pus difficiles! ;)


Nous plantons la tente vers 15h sur une aire de camping complètement vide. Sûrs de ne pas être dérangés nous nous installons au milieu d'un vaste replat. Le site est vide, aucun marcheur ni groupe de touristes. Mais, une heure plus tard, nous apercevons un groupe qui se dirige vers nous. "Faudrait pas qu'ils s'arrêtent ici..." C'est qu'on veut être tranquilles dans notre montagne nous ! ;) Surprise! Nous reconnaissons alors un jeune couple de français croisé à...Pucon (Chili !) et ré-aperçu en vitesse à Cusco un mois auparavant dans notre sympathique auberge...Que le monde est petit ! Après des retrouvailles fort sympathiques, nous découvrons que le groupe a prévu de dormir ici aussi...les nombreuses mules nous entourent, puis elles sont déchargées et le camp est monté tout autour de nous ! Olala quel bazar ! Et dire que nous étions complètement seuls 10 minutes plus tôt. Nous prenons la chose du bon côté et profitons de nos amis voyageurs durant la courte soirée.

Nous voila déjà au dernier jour du trek du Santa Cruz. Que ça passe vite! Mais pour nous une journée bonus vient s'ajouter alors pas de quoi s'inquiéter :). La dernière journée se trouve être la moins sympathique, nous ressortons de la vallée et rejoignons un village peu agréable. Les enfants croisés mendient tous des bonbons, et les vieillards de l'argent. A croire que ça marche car ils sont nombreux à nous demander quelque chose...certains touristes pensent bien faire en offrant quelques choses à ces gens relativement pauvres, mais pour nous ils favorisent la mendicité, ce qui n'est pas une solution durable, d'autant que ces gens et notamment ces enfants manquent de bien d'autres choses prioritaires que des paquets de cookies ! Ils feraient mieux de leur acheter un peu d’artisanat ou quelques produits ou un don à l'école je sais pas ! Sans parler de l'accueil que font ces gamins aux trekkeurs (= porte-monnaie ou confiserie) et aux emballages plastiques de ces fameuses offrandes qui se retrouvent tous par terre (et oui les patates n'ont pas d'emballage!). Bref, nous arrivons dans un hameau voisin d'où nous prenons notre colectivo en direction du sentier qui monte à la Laguna 69.


Une fois sortis du colectivo et un pique-nique englouti, nous partons en direction du lac. Il faut environ trois heures pour parvenir en haut du sentier, nous espérons y arriver dans la même journée. Mais au bout d'une heure de marche, un orage éclate au-dessus de nous, nous croisons tous les touristes venus à la journée visiter le lac et essayons de grappiller certaines informations notamment sur la température la-haut et les possibilités de camper près du site. Mais la pluie et l'orage nous font un peu douter...et flipper... :D "Tu crois qu'on peu prendre la foudre sous la tente si on s'approche trop près du sommet ? Après tout les arceaux sont en métal..." Finalement nous continuons à grimper avec tout notre matos. La deuxième heure le temps se dégage un peu et nous approchons un replat sur lequel gambadent de belles vaches rousses. Il se fait 16h, tous les randonneurs sont déjà redescendus et nous continuons notre grimpette. Le lac n'est plus qu'à une heure de marche, à 4 620 mètres d'altitude. Nous voulons y dormir si possible, pour avoir le lendemain matin un spectacle inoubliable, seuls dans la montagne et au bord de cette réserve d'eau couleur turquoise. Le soleil revient petit à petit, ouf ! Nous voila un peu rassurés concernant l'orage mais le doute plane encore en nous concernant la température que peu atteindre le thermomètre en pleine nuit à 4 620 mètres. Allez on pousse jusqu'au bout et qui vivra verra !!


Nous arrivons finalement vers 17h, le lac est là devant nous et rien que pour nous ! Le temps est gris mais le spectacle est déjà splendide. Nous trouvons un petit terrain plat à quelques mètres du bord du lac, enfilons les doudounes, bonnets et les écharpes et commençons à planter notre petite tente. Aussitôt fait, il se met à neiger... :/ . Le froid nous envahit, alors que les pâtes sont en train de cuire sur le camping-gaz, les affaires sorties un peu partout et la tente grande ouverte. Il faut maintenant tout ranger...et rapidement. Petite difficulté pour coordonner tout ça, notre tente n'est pas bien grande et il est difficilement envisageable de rentrer à l'intérieur avec toutes nos affaires ainsi que le réchaud encore en route! De plus, les piquets de la tente ne tiennent pas bien et sautent à tour de rôle quand nous essayons, tant bien que mal, de ranger tout notre barda...Aïe aïe aïe c'est ça de vouloir faire les aventuriers ;) !


Après un quart d'heure glacé, le tout est rangé et nous pouvons enfin manger nos pâtes cuites (et il était temps, on a plus de gaz!) recroquevillés dans la tente avec de douloureux onglets. L'heure d'aller au lit approche...soit 18h. :). Nous nous emballons dans nos sacs de couchage à la nuit tombée et prions pour ne pas avoir trop froid, éprouvés par cette soirée mais contents d'être dans ce lieu magique, impatient de le redécouvrir le lendemain, éventuellement sous un beau soleil !
La nuit ne sera finalement pas si froide que cela, la neige s’arrêtera assez vite (heureusement, nous n'avions pas prévu la dé-neigeuse!) et le froid est sec et ne pénètre pas trop dans la tente. Toutefois, nous ne dormirons pas plus de trois ou quatre heures, surement l'altitude et la fatigue musculaire.



Mais, c'est heureux que nous assistons au levé du jour au bord du fameux lac et au pieds de glaciers fabuleux. Le temps n'est que partiellement découvert, toutefois, nous sautons en dehors de la tente pour parcourir les alentours du lac et profiter du moment, dans un silence parfait. Aucun regret d'avoir pris la décision de dormir aussi haut, malgré la petite galère de la veille on remet ça quand vous voulez! Nous pouvons alors mitrailler les glaciers, le lac, les pics et les reflets projetés sur l'eau claire. Quel plaisir que d'être là. Nous rentrons en France dans seulement 3 jours, cette ultime journée représente nos derniers paysages péruviens, nos dernières montagnes, dernières randos d'un long et inoubliable périple à travers l'Amérique du Sud. Petit moment nostalgique avant de redescendre dans la vallée. Le soleil fait son retour, dernière séance photo puis nous commençons à marcher et découvrons les paysages vus la veille sous la pluie, cette fois-ci sous un beau temps, parfait ! Nous croisons encore une quarantaine de randonneurs venus à la journée et nous gratifions d'avoir pu profiter de cette manière de ce site magique. Quelques cascades plus tard nous arrivons dans la vallée et longeons encore pendant deux petites heures de marche deux jolis lacs qui marquent la sortie du Parc National de Huascaràn où nous venons de passer cinq jours.



De retour à Huaraz après 3 heures de colectivo, nous retrouvons notre sympathique et confortable auberge. Nous prenons le bus le lendemain de nuit pour rejoindre Lima où nous retrouverons Isabelle et sa famille pour y passer un dernier jour avant notre vol pour la France. Ça sent vraiment la fin...

Album photos de la semaine : --> Cliquez là ! <--

Hasta pronto pronto

1 commentaire:

  1. Coucou les aventupéruviens.
    Je n'ai pas posté beaucoup de message ces derniers temps mais j'ai suivi toutes vos aventures avec assiduité. J'ai adoré votre périple dans la jungle. Génial la pêche aux piranhas! Ici nous ne pechons que la dorade.
    j'espère que votre retour parmi nous ne sera pas trop difficile...
    J'espère te voir bientôt pour te présenter le fiston.
    Bonne fin d'aventure et à très vite.
    Gros bisous

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